Les analyses des données acquises par la sonde lors de ces dernières révolutions autour de Saturne en 2017 viennent d’être publiées le long de trois articles de la revue Science. Au menu: les meilleures données sur les “ring moons”, les petits satellites nichés dans les anneaux ou dans leur voisinage proche, la masse des anneaux de Saturne, et enfin des mesures à très haute résolution spatiale des anneaux.
La masse des anneaux: 0.41 ± 0.13 fois la masse de Mimas. Pourquoi Mimas ? C’est celui dont la masse est la plus proche et il permet de figurer la quantité de matériau que la masse des anneaux représente. Plus parlant que 1.54 ± 0.49 × 1019 kg. Le passage entre la planète et les anneaux a permis de détecter leur influence gravitationnelle, qui peut conduire à des variations de la vitesse de la sonde de quelques mm/s. Même si beaucoup affirment que des anneaux si peu massifs sont jeunes, le débat sur l’âge des anneaux de Saturne est loin d’être clos…
Les anneaux à la loupe: De magnifiques images à une résolution spatiale extraordinaire de 3 km/pixel nous révèle des “textures” inédites, dans les “plateaux” de l’anneau C en particulier. Les mesures spectrales à une résolution de 30 m permettent de corréler profondeur optique des anneaux et couleur, les anneaux les plus denses étant plus rouges. Il semble que ceci ne soit pas lié à des variations de composition (comme on le considère usuellement) mais des variations de structure des particules ou des anneaux qui pourraient être lié à une dynamique locale particulière. Enfin des mesures de température à haute résolution qui nous montre que le gradient de température entre faces éclairée et non-éclairée des anneaux n’augmente pas toujours avec la densité de l’anneau. Ici encore sans doute des effets de dynamique locale…
Les lunes des anneaux: des séquences programmées pour le Grand Finale, ont permis d’obtenir les meilleurs images de ces satellites et surtout de mesurer leur spectre de réflectance et d’émission thermique. Zooms indiscrets sur leurs bourrelets, la glace d’eau omniprésente, une pigmentation plus rouge due à la “pollution” des anneaux, pourtant bien propres, quand on s’en rapproche, une pigmentation bleue quand on se rapproche du satellite Encelade, vaporisateur local de fines particules de glace d’eau.
Pourquoi tant de temps pour publier ces résultats ? presque deux ans pour rassembler ces articles qui sont, de fait, les premiers de la mission à regrouper les résultats de plusieurs instruments à la fois, caméras, spectromètres observant dans l’ultraviolet, le proche-infrarouge et l’infrarouge thermique. Trois partitions dont deux à quatre mains, une première.